L' AFFAIRE STAVISKY

L'escroquerie

En 1931, un certain Serge Alexandre alias Alexandre Stavisky fonde, avec l’appui du député-maire de Bayonne, Joseph Garat un crédit municipal dans cette ville. Très vite, cet organisme émet une masse considérable de bons à intérêt, placés auprès des compagnies d’assurance, des banques, des petits épargnants. Gustave Tissier homme de confiance de Garat émet pour chaque bon un second qui porte le même numéro que le premier mais d'un montant supérieur qu'il remet à Stavisky qui l'encaisse auprès des banques. Au total, l' escroquerie atteint 239 millions de francs. Le 23 décembre 1933, Tissier est arrêté.

L'escroc avait des antécédents

Stavisky disparaît le 25 décembre. Il n'en était pas à son coup d'essai. Il a commencé sa "carrière"  en volant l'or des prothèses dentaire de son père. Plus tard il emporte la caisse des Folies-Marigny en l'apprenant son père se suicidera. En 1926 il est condamné à 18 mois de prison sur plainte d'un agent de change. Il y a quelques années, il se fait prêter de l'argent par le Crédit Municipal d'Orléans sur de fausse émeraudes "expertisées " par un complice. Cette fois, l'affaire est plus grave et prend une tournure politique. Stavisky avait la technique pour s'introduire dans les milieux politiques par le biais des patrons de journaux toujours en difficulté financière . Ici c'est le radical Dubary dont le journal est financé par Stavisky et par le gouvernement Chautemps; Il réussira par ces biais à obtenir des cautions morales des hommes politiques et notamment du ministre du travail Dalimier ce qui l'aidera à placer ses bons auprès des organismes officiels

On apprend que Stavisky a bénéficié du classement d'une l'affaire précédente par le Chef de la section financière du tribunal de Paris, Albert Prince celui-ci ne disposant pas d'éléments suffisants pour l'inculper. Puis on reprochera au procureur général de la Seine, Georges Pressard (beau-frère de Chautemps) d'avoir accordé 19 reports successifs de procès. L'affaire apparaît d'autant plus opaque que depuis le milieu de l'année 33 la presse s'était fait l'écho des problèmes du crédit municipal.

Fuite et fin

Stavisky s'est enfui en direction de la Suisse  la police le localise à Chamonix dans un chalet loué sous un nom d’emprunt. Le 8 janvier 1934, elle cerne la maison lorsque des coups de feu éclatent. Stavisky gît au pied de son lit, frappé d’une balle dans la tête et perdant abondamment son sang. il meurt dans la soirée

L'exploitation de l'affaire

Dès le 4 janvier, L’Action française est entrée en campagne contre le gouvernement de Chautemps. Le beau-frère de ce dernier n’est-il pas l’avocat de Stavisky?. Au lendemain du 8 janvier, les journaux de droite et de gauche trouvent une certaine unanimité pour accuser la police d’avoir "suicidé" Stavisky. Il fallait l’empêcher de parler et, en fait, la certitude de son silence rassura sans doute beaucoup de ses amis. Le canard enchaîné titre: "On a suicidé Stavisky" et commente: Stavisky s'est suicidé d'une balle tirée à 3 mètres, Ce que c'est que d'avoir le bras long. Dès le 9 janvier, à l’appel de L’Action française, des manifestants défilent aux cris de "À bas les voleurs" et "Les députés à la lanterne".

C’est le début d’une grande offensive, menée par la droite, contre le régime parlementaire "pourri"; communistes et socialistes, contents de la mise en accusation des radicaux, ne réagissent que mollement et rappellent, eux aussi, les scandales précédents. Après la démission de Dalimier, le ministre des Colonies, directement mis en cause par Maurice Pujo, c’est la chute de Raynald, garde des Sceaux, qui entraîne le ministère Chautemps tout entier.

Aux manifestations des Camelots du roi, des Ligues patriotiques et des anciens combattants, répondent, le 22 janvier et les jours suivants, celles des syndicats et des partis de gauche. Le limogeage du préfet de police de Paris, Jean Chiappe, est l’un des premiers actes du nouveau gouvernement Daladier. Il exaspère la droite pour laquelle Chiappe ne cache pas sa sympathie. Le 6 février, les manifestations tournent à l’émeute, à un affrontement sanglant entre extrémistes des deux bords et avec la police dont la répression, cette fois, est féroce. Cette journée est généralement considérée comme le prélude au Front populaire .

Le 20 février 1934 on retrouve le corps déchiqueté du conseiller Prince ligoté sur une voie ferrée. On apprend qu'il avait été attiré par une fausse information concernant sa mère.

L'affaire se terminera le 17 janvier 1936 aux assises, parmi les 20 inculpés, 11 seront acquittés , les avocats de Stavisky, les directeurs de journaux, 9 seront condamnés dont Tissier à 7 ans de travaux forcés

Fiche revue le 15/01/2015

Document N° 069